lundi 20 février 2012

Gestes Techniques ...

Sans eux, le foot serait terne. Il ne serait que succession de gestes pré-établis, contrôle, passe du plat du pied, crochet intérieur ou extérieur … Eux ce sont ceux qui ont eu le génie, la classe et parfois les couilles d’inventer des choses avec un ballon et de les appliquer en match. Qu’ils concernent une façon de tirer un penalty, un dribble ou parfois même une erreur grotesque, certains ont même eu le privilège de donner leur nom à ce qu’ils ont inventé. Et pour certains d’entre eux, on en parle encore 30 ans plus tard.
 
Cuauthémoc Blanco : la Cuauthémoc


Lors de l’été 1998 , la France du football est en ébullition grâce à la Coupe du Monde jouée sur ses terres. Mais avant que nos bleus ne soulèvent le précieux trophée, le mexicain Cuauhtémoc Blanco se signale par un geste technique ahurissant. D’abord nommé « coup du crapaud » par les médias, ce geste consiste à bloquer la balle entre ses deux pieds, puis sauter avec elle entre deux adversaires afin de les éliminer. Bien qu’il ait pu le réaliser auparavant dans le championnat mexicain dans lequel il évoluait, ce geste trouve une audience mondiale à la faveur du premier match de poule du Tri contre la Corée du Sud. Ce geste fût renommé par la suite par le prénom de son auteur, sorte de consécration ultime.
Cuauhtémoc Blanco a effectué l’essentiel de sa carrière dans la zone Concacaf, au Mexique pour cinq clubs différents et pour les Chicago Fire. Il a effectué un court passage au Real Valladolid au début du siècle. Passage malheureusement tronqué par une fracture de la jambe contractée avec son équipe nationale. A 37 ans, il fût appelé par Javier Aguirre pour disputer la coupe du monde 2010, où il parvint en 1/8e de finale (élimination contre l’Argentine).
Si ce joueur a acquis une petite renommée en Europe, nul doute que son geste technique improbable y est pour beaucoup.



 
Rene Higuita : le coup du Scorpion


En septembre 1995, la Colombie est à Wembley pour jouer un match amical contre l’Angleterre.  Sur un centre tir raté et anodin de Jamie Redknapp plein axe, René prend ses appuis puis saute en ramenant ses talons vers le haut, le corps étant pratiquement à l’horizontale, pour qu’ils entrent en contact avec la balle. La position bizarre décrite par le corps du gardien vaudra à cet « arrêt » le nom de « coup du scorpion ».
Il paraît évident que le contexte (un match amical dans un des plus beaux stades au monde) a favorisé la réalisation de ce geste qui révèle plus de la folie d’un showman que d’une réelle utilité tactique. Néanmoins cette image a fait le tour du monde et la réaction du gardien après la réalisation de son geste montre bien que finalement ce n’était « que pour le show ».
René Higuita était le gardien de la sélection colombienne lors des années 90. Il était facilement reconnaissable par ses longs cheveux noirs ondulés. Il était connu pour ses prises de risques parfois inconsidérés, la plus notable d’entre elle ayant eu lieu en 1/8e de finale de la coupe du monde 1990 où, balle au pied à 40 mètres de ses buts, il échoua à dribbler Roger Milla qui put inscrire le but le plus facile de sa carrière. Il a effectué l’essentiel de sa carrière en Amérique du Sud (Colombie, Equateur et Venezuela ou il joua alors qu’il était âgé de 41 ans) agrémentés d’un passage au Mexique (Veracruz) et en Espagne (Valladolid). C’était un « gardien buteur » puisqu’il est parvenu à inscrire 30 buts dans sa carrière en club et 8 en sélection colombienne. Il connût également des problèmes de drogue (cocaïne) qui lui valurent une suspension en 2004.


 

Il entraîne désormais les gardiens dans un club du Golfe et s’est récemment signalé en rééditant son incroyable geste à l’entraînement. La souplesse n’est plus tellement là, mais la vista reste la même.


 

Variante : Il est possible de considérer qu’il n’est pas absolument indispensable de lever ses deux pieds pour réaliser le coup du scorpion, ni qu’il soit strictement réservé aux gardiens de but. Aussi il est parfois arrivé de voir des joueurs inscrire des buts en reprenant la balle acrobatiquement du talon comme l’improbable Charles-Edouard Coridon un soir de ligue des Champions contre Porto :


Dans ce domaine, il faut féliciter cet impensable fail réalisé dans un championnat asiatique : le coup du scorpion contre son camp : 
 

 

Rodrigo Taddei : la Aurelio

Octobre 2006, la Roma joue contre l’Olympiakos. Après un ballon mal relancé par la défense, Taddei récupère le ballon dans un coin de la surface. Son adversaire face à lui, il réalise un geste technique sorti tout droit du football de rue. Il réalise un double contact sur un pied derrière la jambe d’appui, laissant le défenseur incrédule. A la décharge de ce dernier il faut reconnaître qu’un tel geste (qui plus est si bien exécuté) est tout simplement impossible à prédire. Taddei tente ensuite une frappe qui est déviée par un autre défenseur.

Concrètement ce geste n’apporte rien de plus qu’un dribble « classique ». Mais voilà, c’est beau, surtout exécuté avec tant de classe. Ce geste se nomme « Aurelio » en hommage à l’entraîneur adjoint de la Roma, Aurelio Andreazzoli, qui aurait poussé Taddei à réaliser ce genre de geste en match.



Rodrigo Taddei est un footballeur brésilien (possédant également la nationalité italienne) n’ayant connu que trois clubs dans sa carrière : Palmeiras, Sienne et la Roma depuis 2005. Il n’a jamais été sélectionné avec la Seleçao et peut désormais prétendre à la sélection Italienne après 5 ans passé au pays. La Aurelio montre clairement que Taddei possède une technique hors du commun. Nous autres français avons pu nous en rendre compte lorsque sur un geste similaire (double contact sur un pied et de la semelle) il avait fait l’amour par devant, par derrière, sur les côtés, à cheval et en voiture à Abidal, un soir ou Mancini (le brésilien) avait rappelé à tout le monde que les passements de jambe n’étaient pas passés de mode.

Kerlon : la foquinha
 
La foquiha est un dribble bien particulier et assez incongru à voir sur un terrain de football. Il a été inventé par le jeune ex-prodige Kerlon, alors qu’il jouait pour le Cruzeiro. La foquinha consiste à se lever le ballon, faire des jongles avec la tête et avancer, d’où son nom (foquinha semble signifier « otarie » en portugais, mais je n’ai pas non plus un gros niveau). Outre son aspect spectaculaire, le fait de maintenir le ballon en suspension sur la tête rend l’intervention du défenseur particulièrement délicate. Difficile en effet de subtiliser la balle sans faire faute sur l’attaquant. D’ailleurs certains défenseurs ne se sont pas gênés pour découper Kerlon lorsqu’il commençait son fameux dribble.




Comme on peut le voir sur la vidéo, ces messieurs les défenseurs ont tendance à considérer ce dribble comme une insulte. Ainsi le défenseur Luiz Alberto annonce : S'il tente ça face à moi, je le démonte. J'utilise des coups de capoeira s'il le faut. Ce dribble est une insulte aux joueurs qui sont en face. Plus modéré mais avec un message similaire, Eduardo Costa : C'est vrai que c'est joli pour les spectateurs, ceux qui sont devant leur télé... Mais dans un match chaud comme celui-là, face à un adversaire qui est en train de perdre, c'est déjà plus compliqué.

Néanmoins, Kerlon a reçu le soutien personnel du Roi Pelé, l’encourageant à tenter encore et encore ce genre de dribble. Bon sur le terrain, le soutien de Pelé, on s’en cogne un peu, mais c’est déjà pas mal.
Après avoir joué quelques saisons à Cruzeiro, Kerlon est recruté par l’Inter qui le prête ensuite successivement au Chievo (une saison, 4 matches), à l’Ajax (équipe réserve), à Parana (3 apparitions) puis au National NS. Alors qu’il était annoncé comme une future star après avoir brillé lors de la Copa America U17, Kerlon n’a jamais été en mesure de confirmer ce statut. Comme quoi, il ne suffit pas que de savoir enquiller quelques jongles de la tête pour faire carrière.



Koji Nakata : la Nakatade
 
Les entraîneurs de débutants ou poussins essayent de l’apprendre à tous les petits footballeurs en herbe. Il est très important de savoir jouer tête haute. Pouvoir conduire la balle, la donner et frapper sans regarder afin d’avoir une bonne vision du jeu. Ce jour-là, Koji Nakata était probablement absent. La Nakatade n’a de renommée qu’en France puisqu’elle a été effectuée pour la première (et unique) fois en L1 dans un match entre Marseille et Saint-Etienne. Nakata reçoit la balle, la contrôle, lève la tête et essaye de faire une passe … Il s’agit là d’un exemple de geste technique « péjoratif » dans le sens où il n’a pour but que de se moquer d’un joueur qui a eu un moment d’absence (cf Arconada).



 
Les esprits chafouin pourront dire que tout ça était fait exprès, qu’il ne s’agit en fait que d’une feinte … L’instant où il découvre que la balle est en fait derrière lui vaut tout l’or du monde. Un moment WTF comme nous offre parfois le football.
En dehors de cette relative renommée dans nos frontières, Nakata compte malgré tout 57 sélections en équipe nationale du Japon et une petite carrière en Europe. Une saison à Marseille, trois à Bâle (ou il disputa tout de même 62 matches) avant de revenir dans le club de ses débuts : le Kashima Antlers. A noter qu’il fût au centre d’une polémique lorsqu’il inscrivit délibérément de la main un but contre la Chine lors de la coupe d’Asie 2004.
Cà et là on peut voir des joueurs tenter de s’approprier ce fameux geste technique. Mention spéciale à ce gardien de but inconnu, et qui gagne tout à le rester :



 

Antonin Panenka : la Panenka
 
Le 20 Juin 1976 se dispute la finale de la Coupe d'Europe des Nations, l'ancien Euro. Pour la première fois dans une compétition internationale, le titre sera remis au vainqueur de la cruelle séance des tirs au but. Alors que Uli Hoeness manque la quatrième tentative Ouest-Allemande, le moustachu Antonin Panenka se présente face à Sepp Maier avec la balle de champion d'Europe au bout du pied. Prenant une course d'élan de près de dix mètres, et alors que le gardien a choisi de plonger côté gauche, il relâche brusquement son pied au moment de toucher son ballon qui tombe comme une feuille morte au milieu de la cage sous le regard impuissant du Katze Von Anzig. Dans toute sa carrière, Antonin Panenka a marqué 46 penalties sur....46 tentés.
 

 



Ce geste (que Panenka avait déjà pratiqué en club, mais assez peu connu jusque cette année 76 en raison des frontières en béton entre la Tchécoslovaquie et le monde Occidental) est tout d'abord appelé « penalty à la Tchèque » avant d'entrer progressivement dans le jargon footballistique en tant que « Panenka ». En dehors de ce geste notoire, Panenka passa l’essentiel de sa carrière à Prague, aux Bohemians. Il fit ensuite 4 ans en fin de carrière au Rapid Vienne avant de jouer (toujours en Autriche) pour des clubs de division inférieure. Plus tard, il devint président des Bohemians. 

La Panenka trouve ses fans (Totti, Belhanda) qui en usent et en abusent. Elle démontre un panache certain (sauf si l'équipe du tireur mène 4-0 dans le temps additionnel) pour celui qui la tente dans une rencontre importante (Abreu, Zizou face à son ancien coéquipier Gianluigi). Elle trouve aussi ses détracteurs. En effet, elle est considérée par beaucoup comme une humiliation, un manque de respect envers le gardien et l'équipe adverse. Dans le même temps, une tentative vaine de Panenka fait connaître une humiliation certaine au tireur. Celle de Cantona alors en prêt à Bordeaux stoppe sa course dans une flaque de boue, Jean-Claude Darcheville en place même une au-dessus de la barre, ou encore la célèbre Landrenka dont l'investigateur dira que « Sur les 80.000 personnes qui étaient au Stade De France seul Richert a imaginé que je pouvais tenter une Panenka ». Coupet, lui, l'aurait mise.  




 

Ronaldinho : L’espaldinha
 
Pas sûr qu’il en soit réellement l’inventeur de celle-là, mais il a au moins eu le mérite de l’utiliser en match. L’espaldinha désigne le fait de reprendre une balle en l’air avec le dos afin de la dévier pour un partenaire. Il convient d’adopter une attitude nonchalante envers le ballon pour donner l’impression qu’il tombe l’air de rien sur le dos du joueur concerné. Sa paternité pourrait être contestée par Hubert Fournier qui réalisa un jour ce geste inattendu débouchant sur une passe décisive pour l’attaquant adverse (et puis c’est l’occasion de parler un peu de Hubert Fournier, c’est déjà ça de pris).


 
Cristiano Ronaldo a récemment remis ce geste au goût du jour :


 
Il n’est pas réellement besoin de présenter Ronaldinho. Ballon d’or, une technique hors norme (nous avons retenu l’espaldinha mais on aurait aussi pu parler du flip-flap), un génie du football qui aura gâché une partie de sa carrière pour un goût un peu trop prononcé pour la fête. N’empêche je suis convaincu que dans 50 ans, on parlera encore de lui en disant « tu te souviens de Ronnie ? » et ça, ça classe un bonhomme.

Redondo : La talonnade-grand-pont-dans-la-course
 
Difficile de lui donner un nom à celle-là. En tout cas il paraît que les grands joueurs font de grandes choses dans les grands matches. Et ce soir-là tout était parfait. Le théâtre des rêves comme écrin, la ligue des Champions pour compétition et un match à enjeu. Fernando Redondo déborde sur l’aile gauche. Il est face à Denis Irwin. Le reste se perd dans le génie de l’élégant argentin qui frappe la balle du talon gauche vers l’avant et réalise le grand pont sur son malheureux adversaire. Derrière il a un boulevard pour avancer et délivrer un caviar d’une qualité incroyable pour Raul. Je tenais à faire figurer ce geste car il s’agit là incontestablement d’un des gestes les plus classes jamais vus sur un terrain de football.


La carrière de Fernando Redondo fût malheureusement un peu gâchée par des soucis récurrents aux genoux, l’empêchant de donner la pleine mesure de ses moyens. Il a joué pour Argentinos Junior, Tenerife, le Real et le Milan AC. Il fût également international argentin. Il fût au centre d’une polémique avec Daniel Passarella (alors sélectionneur) en 1998. Ce dernier avait intimé l’ordre à ses joueurs de ne pas avoir de cheveux longs. Redondo refusant de couper sa crinière fût alors puni en étant condamné à regarder le Mondial à la télévision. Aujourd’hui, le souvenir de lui comme étant un joueur plein de classe perdure et nombreux sont ceux à le citer comme source d’inspiration.
Diego Maradona : la Main de Dieu.
1986, ¼ de finale de coupe du Monde. L’Argentine et l’Angleterre s’affrontent dans un contexte rendu tendu par la guerre des Malouines. A la 51e minute alors que le score est toujours de 0-0, Maradona joue un une-deux. La balle lui est remise en hauteur et Diego va au duel avec Peter Shilton, le gardien anglais. Pour compenser sa petite taille, Maradona utilise la technique dite du Shoryuken pour devancer le gardien anglais. Frappé de la main, la balle entre dans le but et tout le monde dans le stade semble avoir remarqué la filouterie de l’argentin … sauf l’arbitre tunisien, Mr Bennaceur qui valide le but au grand dam de toute l’Albion. Cette décision arbitrale est à l’origine de l’une des plus fameuses assertions de Thierry Roland : "Mais comment a-t-on pu confier l'arbitrage d'un quart de finale de Coupe du monde à un arbitre tunisien"


 
Ce geste est resté dans l’histoire après que Maradona himself l’ait qualifié de « Main de Dieu » en conférence de presse après le match. Cette expression est depuis reprise par les médias où les joueurs dès lors qu’une action impliquant une main, flouant l’arbitre et l’adversaire, se produit.
Ainsi l’équipe titra « La Main de Dieu » après la qualification de l’équipe de France pour la coupe du Monde 2010 après que Thierry Henry ait contrôlé la balle de la main pour offrir le but de la qualification.
 

 
A noter que cette expression peut également concerner les gestes « défensifs ». Ainsi Luis Suarez l’utilisa pour décrire son action lors du ¼ de finale de coupe du monde Uruguay – Ghana, où il réalisa littéralement un arrêt de gardien pour empêcher le ballon d’entrer en toute fin de match. Cette main a également été désignée par certains médias de « Main du Diable ».



Diego (qu’il n’est pas besoin de présenter) se rattrapa lors du même match en marquant un des buts les plus fameux de l’histoire des coupes du Monde. Malgré tout, le mal était fait.
Luis Miguel Arconada – L’Arconada


Luis Miguel Arconada était le gardien de la sélection espagnole au moment de l’Euro 1984 en France. A l’issue d’un bon parcours, l’Espagne se qualifie en finale pour y affronter le pays hôte. Il entre alors dans la légende en inventant un geste
technique pour toujours dans la postérité. Le soir là, quelques 
minutes après avoir serré la main de Michel Platini avant
l'engagement, Luis Miguel se retrouve face à cet impressionnant tireur
de coup de pied arrêté. Le coup franc est bien tiré, mais pas trop non plus, mais entre dans 
la niche trouée par le fond d'Arconada. C'est but. La France est 
sacrée pour la première fois dans un tournoi international.


Comme pour la Nakatade, il s’agit là d’un geste « péjoratif », d’une erreur notoire dont l’auteur porte probablement encore le fardeau puisque aujourd’hui, son nom est entré dans le langage courant du football de la plus mauvaise des façons. Désormais, on dit de chaque gardien laissant échapper une balle sous son ventre qu’il réalise une Arconada. Il serait toutefois injuste de résumer la carrière de ce portier à cette seule erreur. Il fût le gardien fidèle de la Real Sociedad, son seul club professionnel avec qui il remporta deux fois la Liga et une fois la Coupe du Roi. Il fût également nommé meilleur gardien du championnat espagnol trois fois de suite au début des 80’s (exploit jamais réalisé avant et uniquement réalisé depuis par Victor Valdes) et compte 68 sélections en équipe espagnole.



Rabah Madjer : la Madjer

Si vous demandez à un fan de foot de citer un geste technique portant le nom de son créateur, deux noms vont sortir en priorité. La Panenka et la Madjer. Outre le fait de partager la convention de nommage, ces deux joueurs ont eu le mérite (pour être poli) de tenter (et de réussir) leur geste dans un match à très fort enjeu. Pour l’Algérien du FC Porto, ce fut en finale de la Coupe des Champions 1987. Les portugais affrontent le Bayern. Les allemands prennent l’avantage et Porto pousse pour revenir. Alors que le ballon traîne dans la surface, l’Algérien le laisse passer entre ses jambes et, dos au but, le catapulte du talon dans le but. La surface du pied utilisé pour le geste est le talon. Néammoins on parle de Madjer dès qu’un joueur inscrit un but impliquant une frappe ou déviation derrière la jambe d’appui. A l’instar de la Panenka, il s’agit d’un geste régulièrement vu sur un terrain de foot et toujours spectaculaire. 
 

Rabah Madjer est un footballeur algérien ayant effectué l’essentiel de sa carrière en Europe. Après avoir quitté son pays (il jouait au NA Hussein Dey), il évolua pour le RC Paris, FC Tours, FC Porto (deux passages), Valence avant de finir par une pige au Qatar. Avec les Fennecs il fit partie de la fameuse équipe de 1982, volée par les autrichiens et les allemands qui s’allièrent dans un non-match pour éliminer les algériens. Après sa carrière il prit en main l’équipe nationale d’Algérie à trois reprise. En club, il fut coach du Al-Wakrah SC et de Al-Rayyan. 
Son geste est régulièrement repris sur tous les terrains du monde assurant au joueur un passage définitif à la postérité. 
Récemment, en 1/8e de finale de la présente Ligue des Champions :


Ou encore sur penalty : 
 


Jean Pierre Papin : la Papinade


Ce geste n’est nommé ainsi qu’en France, pays de JPP. La papinade est un des gestes les plus spectaculaires du football. Il s’agit d’une reprise de volée acrobatique (quoi que, pas toujours) permettant d’envoyer le ballon dans le but. Dans mon imaginaire, la papinade implique que le joueur soit face au ballon lorsque celui-ci vient d’une aile. Jean Pierre Papin étant un spécialiste de ce geste, la presse française s’est faite une joie de le nommer de cette manière. 


Ce sont des gestes que l’on peut voir régulièrement sur tous les terrains du monde, pas toujours avec la même réussite. Il convient de faire un distinguo entre la papinade et le retourné acrobatique ou plus communément la bicyclette. Cette dernière s’effectue face au ballon mais dos au but, ou avec un placement corporel parallèle au ballon si celui-ci vient d’une aile. Marco Van Basten était un spécialiste des bicyclettes.



JPP est un des attaquants français les plus célèbres. Après plusieurs titres de champion de France et de meilleur buteur du championnat avec l’OM, il fût élu Ballon d’Or en 1991. Il connut ensuite un relatif succès en Italie, au Milan AC avant de voir sa carrière entrer dans une pente descendante, au Bayern Munich puis les Girondins de Bordeaux et l’En Avant Guingamp. Il continua ensuite quelques temps dans les championnats amateurs avant de devenir entraîneur, sans grand succès.





Michel Platini : le coup franc Platinien


Dans le football moderne, il y a de nombreux spécialistes des coups francs. Seulement, en France au moins, on ne parle jamais de coup franc «à la Beckham» où «à la Van Hooijdonk» pour ne citer que deux spécialistes de cet exercice. Dans notre contrée, le spécialiste incontesté du coup de pied arrêté  se nomme Michel Platini. Si la technique consistant à fouetter le ballon pour lui donner une trajectoire courbe vers le but existait déjà (Garrincha pourrait peut-être s’en attribuer la paternité), Platini a utilisé une période où le football s’imposait de plus en plus à la télé pour la démocratiser.  
Michel Platini a inscrit un nombre incalculable de coups francs, que ce soit pour ses clubs de Nancy, Saint-Etienne, la Juventus, mais aussi en équipe nationale. Il fût à l’origine de nombreux succès avec chacune de ces équipes : Coupe de France, Championnat de France, Championnat d’Italie, Ligue des Champions, Championnat d’Europe des Nations. Michel Platini passait énormément de temps à l’entraînement à travailler l’exercice arrêté. Il serait toutefois injuste de résumer la carrière de cet immense joueur que par cet aspect du jeu. Triple capocanoniere d’affilée, meilleur buteur de l’Euro 84 (9 buts, record inégalé dans la compétition), triple Ballon d’Or et désormais président de l’UEFA, que ce soit dans sa carrière de joueur où après, on peut dire sans hésité que le français a su réussir tout ce qu’il a entrepris. 




Variantes : Certains joueurs privilégient la frappe en force pour tirer les coups francs. Parmi ceux-ci, le Portugais Cristiano Ronaldo, auteur régulier de coups francs à la frappe très sèche, une balle tournant peu pour redescendre brusquement vers le but, a choisi de nommer sa technique le «Tomahawk» en référence à l’arme indienne dont le ballon partagerait la trajectoire. 
  


Pas de nom «officiel» pour le suivant mais il est impossible de ne pas le mentionner. En 1997, Roberto Carlos montre à tout le monde comment on tire un coup franc en force. Trajectoire improbable, Fabien Barthez ne peut que constater le travail impeccable du latéral brésilien.



On parle aussi d'un coup franc "à la Taiwo" lorsque le tireur met toute sa force dans le ballon et que celui-ci dépasse la 20e rangée de la tribune située derrière le but. 







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