lundi 27 février 2012

Foutage de gueule


Ah, ces footballeurs dits « à fort caractère » qui ne se privent pas pour mettre à profit leur science du coup bas sur le terrain. Ceux qui mettent en avant des réactions stupides. Les entraîneurs où les présidents qui encaissent mal la défaite. De temps en temps ce sont même les arbitres qui s’adonnent à la saillie d’un « adversaire » en public. Nos amis footeux se signalent par ce qu’on peut appeler du chambrage, ou encore des « coups de pute ». Petit tour d’horizon. 

-- 

Pour certains entraîneurs, attaquer les arbitres après les matches fait presque partie intégrante du show. En plus, les hommes en noir se murent souvent dans un mutisme après les matches. Difficile en effet de leur arracher une réaction sur leurs performances même si, dès que l’un d’entre eux le fait et admet une ou plusieurs erreurs, sa lucidité est mise en avant par la presse. 

Quoi qu’il en soit, début de saison 2007, Franck Dumas fait ses premiers pas sur un banc de touche de Ligue 1, à Caen. Débuts difficiles. Après une défaite contre Metz (2-1), le jeune entraîneur laisse parler son amertume en conseillant à l’arbitre international de « prendre sa retraite ».
Interrogé par France Football à ce sujet, Eric Poulat ne se démonte pas :  « Si Monsieur Dumas veut prendre ma place, je n’y vois pas d’inconvénients mais je pense qu’il y aurait des émeutes à chaque match. De mon côté, si je prenais la sienne, ça ne serait pas pire puisque Caen est déjà dernier »

Et pan, dans tes dents. Dumas répondra par l’intermédiaire d’un communiqué nettement moins clinquant : « Je suis agréablement surpris par l’intelligence et la lucidité des propos de Monsieur Poulat. Ce qui me désole (lors des deux matchs arbitrés par celui-ci, Caen-Montpellier et Caen-Metz, quatre penalties évidents n’ont pas été sifflés), c’est sa mauvaise foi à ne pas reconnaître ses erreurs qui ne sont pas dignes de son professionnalisme. Moi, je commence une carrière, je fais des erreurs à l’inverse de Monsieur Poulat qui lui a un passé d’arbitre qui justifie, apparemment, son honnêteté et ses compétences ».

-- 

La légende parisienne dit que chaque joueur quittant le PSG finit par marquer un but contre eux alors qu’il évolue avec ses nouvelles couleurs (mention spéciale à Fabrice Fiorèse). Qu’un joueur quitte un club fait partie d’un contexte. Certains se quittent bons amis et lorsque le joueur se pointe sur son ancienne pelouse avec un nouveau maillot il est tout de même applaudi (Savidan à Valenciennes par exemple) mais parfois il y a une rancœur tenace. Ainsi un attaquant en manque d’efficacité pourra être raillé et sifflé par son propre public, entraînant un mal-être le poussant à quitter le club. Parfois les supporters n’encaissent pas le transfert en lui-même (passage vers un club rival) où les déclarations qui l’accompagnent (Fiorèse, la prison, le PSG, toussa). Du coup, lorsqu’il se pointe avec son nouveau maillot, le joueur est hué, conspué, et ce n’est rien comparé aux noms d’oiseau qui jaillissent sur les réseaux sociaux à son sujet. 

Toutefois, il ne nous semble pas que la relation de Adebayor avec le public d’Arsenal ait été si tumultueuse que cela. C’est quand même avec un gros pincement au cœur que les fans d’Arsène ont vu leur protégé partir pour les dollars qataris de Manchester City. 

Les deux clubs s’affrontent le 12 septembre 2009 à Manchester. Adebayor marque. Il pulvérise ensuite son record du 100 mètres dans le seul but d’aller narguer la frange des supporters adverses … Ses anciens supporters. Une pluie d’objets divers s’abat sur lui mais il s’en fout. Il est content. Il sourit. Il sera emmené un peu plus loin par un équipier par la suite. Pour cet agissement, pour avoir giflé Alexandre Song et pour avoir joué dangereusement sur RVP, Adebayor écopera de 3 matches de suspensions.
Il évolue maintenant dans le club énnemi juré de Arsenal : Tottenham. 


Fêter son but en allant chambrer les supporters adverses est de toute façon une très mauvaise idée. Ca pourrait même être qualifié d’incitation à la haine. Combien de ces supporters d’Arsenal ont eu envie de descendre sur le terrain pour aller en coller une à ce pauvre type qui vient fêter son but pour l’équipe adverse devant eux ?
Et puis franchement, marquer un but, c’est un instant unique de communion avec son public, où tout le monde est égal face à la victoire ou au moins la satisfaction d’avoir vu les filets trembler. En tout cas, c’est la distance de sécurité qui a évité Adebayor se s’en prendre une. Parfois, des imprudents réduisent cette distance de sécurité, à leurs risques et périls. 

 

--

Certaines situations sont difficiles à vivre pour un joueur de football. Prendre la responsabilité de poser le ballon sur la trace blanche à neuf mètres de la ligne pour transformer un pénalty et l'envoyer hors-stade en fait partie.
C'est ce qu'il arrive à David Beckham lors de ces éliminatoires de l'Euro 2004 dans une de ces bouillantes arènes Turques. Cette situation est d'autant plus difficile à vivre pour lui que non seulement le score est de 0-0 à ce moment du match (il le restera à 0-0), mais qu'une poignée joueurs Turcs viennent se foutre de sa gueule. On peut voir le regard noir de Beckham à la quinzième seconde de cette vidéo.


Un supporter Anglais commente :  "rumours are the ball is still flying......."
Beckham pourra se consoler en se disant que la Turquie sera plus tard éliminée par la modeste sélection Lettonne.

Confronté à un moment difficile (presque) similaire, Ruud Van Nistelrooy réagit avec classe pour certains, provocation pour d'autres.
Cette rencontre des phases qualificatives de la Coupe Du Monde 2006 où les Pays-Bas reçoivent Andorre voit ce petit truc qui fait qu'un match peut rester dans les mémoires. L'enjeu est pourtant moindre puisque malgré un groupe assez relevé, les oranges termineront largement en tête (seuls deux matches nuls face à la Macédoine les freineront) et nous connaissons tous le niveau que peut être celui d'Andorre.
 
Lors de cette victoire des Néerlandais, Ruud Van Nistelrooy se permet de manquer un pénalty et voit un défenseur Andorran venir le chambrer. Chacun sait qu'on ne se fout pas de la gueule d'un joueur de la trempe de RVN, et encore moins lorsqu'on est défenseur Andorran. Quelques minutes plus tard, Ruud est à la réception d'un coup-franc pour faire trembler les filets d'un plat du pied. Il récoltera sa biscotte pour la meilleure des célébrations qu'il puisse avoir sur cet énième but devant le regard incrédule de son défenseur.

 

--

Certains personnages du football ne sont dignes que dans la victoire, n'en déplaise à tous les supporters de l'Olympique Lyonnais et de Juninho. Ce grand homme qui aurait pu inventer le fair-play s'il avait gagné chacun de ses matches et ne s'était pas rendu coupables de coups bas et de vandalisme sur porte de vestiaire des soirs de défaites.

Le « grand » Barcelone entre dans cette catégorie lors de l'ultime boucherie fin Avril 2010 face à l'Inter de Milan. Les Nerazzuris avait remporté le match aller 3-1 sur leur pelouse avant de s'incliner 1-0 au Camp Nou malgré la duperie de Mr Fair-Play Busquets. Digne dans la défaite, le club Espagnol gâche les célébrations Milanaises en étant obligé d'arroser une pelouse cruellement sèche et à la limite de l'asphyxie (à partir d'1mn37 dans la vidéo à suivre), et qui plus est uniquement la partie de terrain où se trouvent les interistes … Classieux.


-- 

Chacun sait qu'enchaîner les biscottes (même jaunes) sur une période réduite de matches entraîne une suspension. Alors pourquoi ne pas faire en sorte de prendre un carton volontairement afin d'être suspendu pour un match inutile et être sûr de participer aux matches à enjeux importants ? Les Lyonnais l'avaient bien compris en ne se privant pas de mettre des taquets gratuits en cinquième journée de Ligue Des Champions lorsque la qualification pour les tours à élimination directe était déjà acquise.
José Mourinho est bien plus subtil un soir de match face à l'Ajax :


Mourinhesque.
Sur la biscotte de Xavi Alonso, on peut voir Arbeloa qui n'a rien compris venir contester et rapidement maîtrisé par Raul Albiol.
Sergio Ramos, qui n'est pas à son premier carton rouge, quitte dignement la pelouse, sourire aux lèvres en empoignant même l'arbitre.

-- 

Bien que ce rôle soit attribué à l'arbitre, il se peut qu'un joueur décide de stopper le jeu en poussant le ballon en touche pour permettre aux soigneurs d'approcher un joueur au sol. La morale fait qu'en jouant cette touche, l'équipe adverse remette le ballon à celle qui l'a poussé en touche.
Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Et il ne faut pas se foutre de la gueule d'Anthony Réveillère.






 






 

 



jeudi 23 février 2012

Gardiens : Comment marquer un but ?


Ils passent leur temps à se faire aligner par les attaquants adverses, et pas toujours en finesse. Se prendre des minasses a 100km/h à 6 mètres du but, et le faire par choix … come on. Aussi certains se sont dit « merde, j’en prends des tas chaque année, pourquoi je n’irais pas en mettre quelques-uns ». De leur position il est évidemment difficile de sortir sur un corner, bloquer la balle et partir balle au pied en contre (encore que vous verrez, ça arrive parfois). Leur reste alors la solution des coups de pieds arrêtés offensifs. D’autres ont voulu jouer les héros. Quelques secondes à jouer, un corner offensif, celui de la dernière chance. Alors ils y vont dans l’espoir de marquer d’une tête rageuse ou encore de laisser traîner le pied au bon endroit au bon moment. D’autres encore ne l’ont même pas fait exprès. Mais de ces trois catégories, deux points communs : ils sont gardiens et ont un jour eu la chance d’en claquer un, faisant fi de la prétendue solidarité entre collègues. 

Coups de pieds arrêtés : 

Peut-être le moyen le plus « évident » pour permettre à un gardien de but de marquer. Depuis qu’ils ne peuvent plus se saisir de la balle à la main lors d’une passe en retrait, il convient pour eux d’avoir un bon jeu au pied. Il n’est donc pas surprenant d’en voir certains exporter leurs qualités de l’autre côté du terrain, pour tirer les coups francs dangereux ou les penalties. Certains ont eu cette lubie favorisée par le déroulement favorable du match, comme Jens Lehmann un soir de match contre Saint Marin et désirant tirer le penalty pouvant offrir un 13e but à la NationalMannschaft, puis finalement dissuadé par ses adversaires criant au fair-play. D’autres sont réellement spécialistes de cet exercice car même si ça paraît con, tirer des coups de pied arrêtés (même les penalties)  est une affaire de spécialiste. 

Rogerio Ceni :
Le patron des gardiens-buteurs, c’est lui. Son nom ne sonne de cloche que chez les connaisseurs du football, mais Rogerio Ceni est bien le gardien le plus prolifique face à la cage adverse dans l’histoire du football. Dans sa longue carrière (il est passé pro en 1992 enchaînant de prime abord les saisons en tant que 3e puis 2e gardien de Sao Paolo) il est parvenu à inscrire (sur penalties et coups francs) plus de 100 buts, tous pour le même club : Sao Paolo. Car Rogerio Ceni est l’homme d’un seul club. Pourtant les propositions pour s’exporter en Europe n’ont pas manqué. La plus marquant en 1998 lorsque l’Inter de Milan s’intéresse de très près à lui. Partir en Italie lui aurait certainement donné le bagage nécéssaire pour prétendre à s’installer durablement dans les cages de la Seleçao. Barré par Dida d’abord puis par Julio Cesar, il ne compte que 17 sélections bien qu’il fût retenu  dans le groupe pour les coupes du monde 2002 et 2006. En tant que 3e gardien, il est donc aussi Champion du Monde. 

Rogerio Ceni c’est une patte droite fantastique capable de glisser amoureusement le ballon dans toutes les louffes brésiliennes. On parlerait peut-être de « coup franc à la Rogerio Ceni » si on avait pas déjà Platini pour ça (voir article précédent). Mais tirer les coups francs et les penalties n’étaient « qu’une » valeur ajouté à ce gardien qui aurait de toute façon fait carrière sans cela. Un excellent jeu au pied (sans déconner), une bonne présence dans les airs grâce à son presque mètre 90, de bons réflexes … Lorsque l’Inter est venu pointer son nez en 1998 c’était pour ses talents de gardien et non de tireur. Toutefois, entre 2005 et 2007 il inscrivit le total hallucinant de 47 buts. 

Unanimement reconnu, il a gagné un grand nombre de récompenses individuelles et collectives. 3 titres de champion du Brésil, 3 titres de l’état de Sao Paolo, deux Libertadores, une coupe Intercontinentale et autres titres moins connus par nos frontières (la Recopa Sudamericana, la Copa Conbemol …). A titre individuel il a remporté 6 fois le titre de meilleur gardien du championnat brésilien, un titre de meilleur joueur du championnat brésilien, une fois meilleur joueur de la Libertadores, un titre de meilleur joueur de la coupe du monde des Clubs, deux fois footballeur brésilien de l’année et même un nomination au ballon d’or. 

Lors du camp d’entraînement pré coupe du monde 2006, avec la Seleçao, la légende dit qu’il aligna 5 ballons sur les 16,50 mètres en déclarant qu’il allait tous les envoyer sur la barre … Avant de tenir parole. Ce bruit a couru dans la presse mais malheureusement aucune image ne vient étayer cela.
La vidéo est longue mais voici l’intégralité des buts de Rogerio Ceni : 



Hans-Jörg Butt:
Hans-Jörg Butt se fait découvrir en marquant son premier penalty dans l'anti-chambre de la Bundesliga en 1996. C'est l'année suivante, qu'il rejoint Hambourg et l'élite où ses aptitudes aux coups de pied arrêtés feront même de lui le co-meilleur buteur de son club lors de la saison 1999-2000 avec neuf réalisations. Il s'épanouit ensuite au Bayer Leverkusen où après cinq saisons au top il est progressivement éclipsé par René Adler. Il part alors effectuer une pige peu convaincante au Benfica Lisbonne (seul club pour lequel il n'a pas fait trembler les filets) avant de prétendre remplacer Oliver Kahn dans les cages Munichoises.
Lors de la saison 2003-2004, il transforme un énième penalty face à Schalke04. Congratulé par ses coéquipiers, il remonte doucement vers ses cages sans se rendre compte que le jeu a repris.



Un partout, balle au centre.

Butt est auteur de 26 réalisations en première division Allemande, une en Coupe D'Allemagne et Trois en coupes d'Europe. Il signe un triplé en 2010 (Championnat-Coupe-Super Coupe), il est à l'instar de Mickaël Ballack (forcément, ils jouaient dans le même club) assez poissard lors de la saison 2002 : Finaliste de la Ligue Des Champions, finaliste de le Coupe D'Allemagne, vice-champion d'Allemagne et malheureux finaliste (remplaçant) de la Coupe Du Monde. Il sera à nouveau finaliste de la Ligue Des Champions en 2010.

José Luis Chilavert : 
Rogerio Ceni, Rene Higuita (on y revient après) et José Luis Chilavert. A croire que marquer des coups francs en étant gardien est une spécialité sud-américaine (les européens Butt et Ivankov ne tiraient que les penalties). Avant d’être la propriété de Rogerio Ceni, le record du plus grand nombre de buts inscrits par un gardien professionnel était la propriété du paraguayen Chilavert. A la différence du brésilien toutefois, Chila (son surnom) a également marqué pour son équipe nationale. Parmi les 8 buts inscrits pour la Guarani, 4 l’ont été lors de la campagne pour le mondial 2002 (2e participation de l’équipe à la phase finale). 

Chilavert est longtemps resté le joueur emblématique du Velez Sarsfield. Il a grandement participé à l’essor du club et à lui construire un début de notoriété en Europe. Avec Chila dans les buts, le Velez remporte 4 championnats (sur les 8 remportés par le club), la seule Libertadores de son palmarès et la coupe Intercontinentale.
La France l’a découvert à l’occasion de la coupe du monde 1998. Capitaine de sa sélection, Chilavert révèle les siens au monde en se hissant en 1/8e de finale, sortant d’un groupe relevé avec l’Espagne, le Nigéria et la Bulgarie avant de buter contre la France après un but en or de Laurent Blanc. Digne dans la défaite, Chilavert releva un par un ses coéquipiers déconfits et pleurant sur l’herbe de Bollaert. 

Il participa également au mondial 2002. Malheureusement il n’eut pas l’occasion d’inscrire un but lors de ces deux mondiaux, ne devenant pas ainsi le seul gardien buteur en Coupe du Monde. Il est néanmoins le premier gardien de but au monde à avoir inscrit un hat-trick (contre Ferro Carril Oeste en 1999).

Avant d’acquérir sa renommée en Argentine à Sarsfield, Chilavert évolua pour le Sportivo Luqueno, le Club Guarani (champion du Paraguay 1984), San Lorenzo, le Real Saragosse (ou il inscrivit un but) puis, après le Velez, à Strasbourg (coupe de France 2001) où les supporters se souviennent surtout d’un gardien avec 30 kilos de trop, et au Penarol (champion d’Uruguay 2003) avant un ultime passage au Velez.
C’était également un personnage hors du terrain ou il se révéla être un amateur de déclarations provocatrices sur des sujets aussi large que le football, la politique de son pays et la place des femmes dans la société. Il connut également une suspension après avoir craché sur Roberto Carlos.

Ceci dit, une grande majorité de suiveurs se souviennent de lui pour ses coups francs.
Exemples : 

 

 

Il existe d’autres exemples de gardiens spécialistes des frappes arrêtées. Rene Higuita notamment (plus de 40 buts en pro) dont les tirs de coups francs et penalties ont beaucoup joué dans sa réputation de gardien fou (El Loco était son surnom). Ses buts les plus marquants eurent lieu lors d’une confrontation contre River Plate. Alors que son club a besoin d’un but pour arracher la prolongation, Higuita l’inscrit d’un coup franc magnifique. Lors de la prolongation, il inscrit le penalty victorieux pour son équipe. Classe patron.


 

En Europe, seuls Butt dont nous avons déjà parlé et Dimitar Ivankov se sont affirmés comme des spécialistes (mais uniquement des penalties). Le bulgare compte une bonne trentaine de buts en pro pour le Levski Sofia, Kayserispor et Bursaspor.

Les joueurs que nous avons vu là sont (ou étaient) vraiment des spécialistes de l’exercice. Il arrive ponctuellement qu’un gardien se décide à aller en tirer quelques-uns. Bernard Lama inscrivit ainsi deux buts dans le championnat de France par exemple.
Toutefois, sortir de sa cage pour tenter de tirer un coup franc est vraiment un apanage de spécialistes : 



Les héros : 
Probablement le rêve que caressent tous les gardiens du monde. Leur héroïsme est reconnu parfois à l’occasion d’une séance de tirs aux but où ils sauvent la mise pour leur équipe (mention spéciale à Helmut Dukadam) mais être un héros de l’autre côté du terrain … Monter pour le dernier corner, placer un coup de boule rageur ou laisser traîner son pied au bon endroit … Et connaître la joie du buteur. Il est difficile de parler de « spécialité » pour ceux qui marquent de cette façon, mais parfois ça arrive, et de temps en temps, c’est vraiment marquant.

Peter Schmeichel : 
Certains ne sont pas spécialistes des coups de pied arrêtés. Certains ne profitent pas de l'assistance d'un vent violent pour la mettre au fond. Il s'agit de héros qui font basculer une rencontre à suspense, le gardien qui joue le tout pour le tout en montant dans la surface pour placer sa tête sur un ultime corner ou coup-franc. Peter Schmeichel était un de ceux-là, parfois au grand bonheur de Sir Alex.


Variante de la tête, la version acrobatique montrant toute la technique qu'aurait pu avoir Peter Schmeichel s'il avait été attaquant. Peter Schmeichel monte tellement aux avant-postes qu’il en finit hors-jeu.


 
En plus d'être ce garçon assez excentrique (il n'hésite pas à taper la roue un soir de victoire en finale de Ligue Des Champions), Peter Schmeichel était un gardien très brillant considéré encore aujourd'hui comme le meilleur gardien de l'histoire de Manchester United par ses fans, bien qu'ayant terminé sa carrière chez l'ennemi City. United ne l’a d’ailleurs jamais vraiment remplacé (Massimo Taibi rules).

En plus d'être gardien buteur en club, il est également un des rares à l'avoir fait en équipe nationale. Pour sa 129ème et dernière sélection, il transforme un pénalty que ses coéquipiers le laissent tirer en échange des services rendus, notamment la victoire à l'Euro 1992, à la surprise générale puisque que le Danemark ne devait sa participation qu'au forfait de la Yougoslavie alors en proie à la guerre. Il est le record man des sélections au Danemark. Peter Schmeichel a inscrit 10 buts en carrière.

Gregory Wimbée : 
Il aurait pu rester un gardien anonyme de L1. Pas mauvais mais pas une brute non plus. On se serait souvenu de lui comme d’un gardien correct auteur d’une longue carrière au palmarès quasi-vierge (As Nancy, Charleville, Cannes, Lille, Metz, Grenoble, Valenciennes). Seulement voilà, Gregory Wimbée possède quelque chose d’unique dans le championnat de France de L1. Il appartient à ce groupe de gardiens héros d’un soir.  Un soir de novembre 1996 alors que son équipe Nancéenne est menée 1-0 à Marcel Picot contre Lens, il monte sur l'ultime corner dans l’espoir de profiter de sa grande taille pour mettre la tête. Le corner est bien tiré. Le grand Gregory est au point de chute mais sa tête est complètement dévissée. Pas grave, le centreur récupère et l’envoie une nouvelle fois dans le paquet. S’en suit un cafouillage à la suite duquel Wimbée frappe du droit en pivot. La balle est déviée et rentre. Gregory court sur le terrain comme s’il venait de gagner la Coupe du Monde. Il est à ce jour le seul gardien à avoir marqué un but dans le jeu (les penalties ne comptent donc pas) en championnat de France.


Malgré ce point chèrement acquis, Nancy sera dans la charrette à la fin de la saison et descendra en Division 2, c’était bien la peine …

Comme Wimbee ou Schmeichel, d’autres ont eu la chance de faire fructifier l’ultime corner pour leur équipe. Et parfois même dans des situations à bien plus d’enjeu qu’un simple match de championnat.
Lors de la Ligue des Champions 2009-2010, le Standard a besoin d’un point contre Alkmaar pour terminer 3eme de poule et jouer la Ligue Europa au printemps. Dans les dernières secondes, alors que les hollandais mènent 1-0, le gardien belgo-turc vient apporter le surnombre dans la surface adverse pour le dernier coup franc du match. Il inscrit le but égalisateur et qualificatif d’une tête puissante avant de courir en criant sa joie sur toute la longueur du terrain, pulvérisant ainsi son propre record du 100 mètres. Sinan Bolat fût également un héros après avoir stoppé un penalty décisif pour l’attribution du titre de champion de Belgique contre Gand, à la 91e minute de jeu.

 

Andres Palop est dans un cas similaire. Alors que son équipe de Séville a besoin d’un but contre Donetsk  pour arracher une prolongation en Ligue Europa, il monte sur l’ultime corner. Il place une tête sans sauter qui trompe son adversaire. Séville arrache la prolongation puis la qualification et Palop gagnera plus tard la compétition avec son équipe. Plus décisif que ça … 



Ce but fût, dit-on, par la suite générateur de tension dans l’effectif sévillan après que le gardien aurait proprement chambré l’attaquant  Javier Chevanton  en lui disant que désormais, il (le gardien) a inscrit plus de buts que lui (l’attaquant). 
Par hasard : 
Ils ne le font pas exprès. Un coup de vent, un rebond favorable, un mauvais placement du collègue adverse et voilà qu’ils deviennent buteur sans l’avoir réellement cherché. Si c’est une sorte de consécration pour eux, ces images font généralement le tour des bêtisiers et ridiculisent souvent le portier adverse. Nous nous arrêtons sur le cas Tim Howard, récent buteur en championnat d’Angleterre.

Après sept saisons convaincantes en Major League Soccer, Tim Howard rejoint en 2003 Manchester United et le championnat Anglais qu'il n'a toujours pas quitté aujourd'hui. Malgré la concurrence de Fabien Barthez, il se taille (par intermittence) une place de titulaire chez les Reds Devils jusqu'à l'arrivée du grand Edwin Van Der Sar. Il part ensuite à Everton où il fait désormais partie des murs. Au début de cette année 2012, à la faveur d'un vent violent, il devient le quatrième gardien de Premier League à planter son but. Il ouvre le score dans ce match d'un dégagement de sa surface et profite de ce vent violent et de la position avancée du gardien adverse.

 

A noter que par solidarité pour son adversaire, Tim Howard ne célèbre pas son but, ce qui montre une certaine preuve de fair-play.
Il encaisse ensuite deux buts laissant les trois points à Everton.
Malgré des bourdes récurrentes, Tim Howard a reçu plusieurs distinctions tout au long de sa carrière. Tim Howard est également atteint du syndrome de la Tourette, ce qui n’a absolument rien à voir.

L’Américain n'est pas le seul à qui ce bonheur a pu arriver. Comme à ce gardien Malaisien.




Si comme dans le cas de Tim Howard ainsi que quelques autres, le vent peut apporter de bonnes surprises, ce n'est pas systématiquement le cas.




Cas particulier :
Le cas Jorge Campos est à part dans le cercle restreint de ces gardiens buteurs. Si en France on se souvient surtout d’un gardien aux tenues bariolées, compensant sa petite taille par une détente et des réflexes exceptionnels, au Mexique, les gens n’oublient pas qu’il débuta sa carrière comme attaquant. Lors de la saison 89-90, frustré de sa position de gardien numéro 2, il demanda à son coach, Adolfo Rios, d’être utilisé en tant qu’attaquant. Il parvint à inscrire 14 buts lors cette saison, assez loin tout de même du pichichi local Jorge Comas (26 buts).  

Plus tard, après avoir acquis une place de gardien numéro 1, il n’était pas rare que son entraîneur de l’époque au club mexicain de Pumas fasse entrer le gardien remplaçant pour mettre Campos sur le front de l’attaque lorsque l’équipe était menée. Entre les saisons 89-90 et 95-96 (7 saisons pleines) pour les clubs de Pumas et Atlante, il réussit à marquer au moins un but chaque année. Il terminera sa carrière en club avec plus de trente buts inscrits, total respectable pour un gardien de but. 

De plus Jorge Campos était un gardien renommé, classé 3e meilleur gardien au monde pour l’année 1993. Il compte 130 sélections en équipe du Mexique où il ne parvint malheureusement pas à inscrire le moindre but (ce qui n’était pas son rôle, je vous l’accorde).
En attaque il était un joueur vif avec une bonne technique, capable de gestes incroyables comme cette bicyclette avec son club d’Atlante. Il reste l’un des meilleurs gardiens-buteur de l’histoire du football.


 Mais rendons également grâce à ses qualités de gardien. 

 

Alors certes, la reconversion de Campos est étonnante, pour ne pas dire unique. D’ailleurs si certains lecteurs ont d’autres exemples d’un joueur ayant débuté en pro comme attaquant avant de devenir gardien, lâchez des noms, ça peut nous intéresser pour un prochain article.


 Pourtant il n’est pas étonnant de voir des gardiens avec une technique balle au pied supérieure à la moyenne. Après tout, ils passent leur journée à observer les attaquants adverses et il est vraisemblable qu’à force d’observation, ils puissent acquérir une certaine vista qui ferait des ravages face au but. De plus, le football moderne demande aux gardiens d’avoir un bon jeu au pied. Certains sont même unanimement reconnus pour cela comme l’ancien gardien de Manchester United Edwin Van Der Sar (qui faisait dans la sobriété, je vous l’accorde). Aussi, les images montrant un gardien capable de se débarrasser du pressing adverse par un dribble couillu se multiplient. Pascal Olmeta était capable de sortir balle au pied à plus de 50 mètres de son but, d’éliminer un ou plusieurs joueurs avant d’orienter correctement le jeu. Ce genre de montées rageuses (comme peuvent faire les défenseurs centraux) furent beaucoup pour son immense renommée du côté de Gerland. Je ne suis néanmoins pas bien sûr que ses entraîneurs appréciaient réellement cela. 


Un exemple de Joga Bonito au Mexique : 


Attention toutefois à ne pas trop faire le kéké, au risque de se brûler les ailes et condamner 
stupidement son équipe.

 

 

Oliver Kahn : 
Oliver Kahn est l'un des plus brillants gardiens que nous ayons pu connaître. Il effectue ses sept premières piges dans les cages du club de sa ville de naissance Kalsruhe où il ne remportera pas la moindre distinction. Il rejoint ensuite le Bayern du Munich où il glanera pas moins de 23 titres dont la reine Ligue Des Champions en 2001 plus un titre de champion d'Europe Des Nations (sans jouer) en 1996 ainsi que 23 distinctions personnelles. Il fait partie des cinq seuls gardiens de but ayant été sur le podium du Ballon D'Or et ce deux années consécutives.

Le 3 Mars 2001 alors que son équipe est menée 3-2 à Rostock, à la faveur d'un dernier corner pour arracher le point du match nul, Oliver Kahn prend le risque d'aller apporter le surnombre dans la surface adverse.
La vidéo est de piètre qualité. On ne voit rien à vitesse réelle, mais le ralenti est flagrant.


Il récoltera naturellement sa biscotte pour cela. Il en plaisantera plus tard, disant qu'il pensait que « le gardien de but peut jouer le ballon dans la surface de réparation avec sa main ».
Au début de sa carrière, lors d'une réception permettant la récolte de fonds pour une œuvre de charité, Kahn lança le défi que pour chaque tir au but marqué par les invités (sous-entendu avec lui entre les poteaux), il donnerait de sa poche 500 Deutsche Mark. Nous savons juste de cette anecdote que très peu d'argent fut versé.

On termine par une petite compilation de gardiens buteurs. Avec en prime à 1.22 minutes le gardien qui pète un plomb en se disant « allez tous vous faire foutre, je vais marquer mon but ».


lundi 20 février 2012

Gestes Techniques ...

Sans eux, le foot serait terne. Il ne serait que succession de gestes pré-établis, contrôle, passe du plat du pied, crochet intérieur ou extérieur … Eux ce sont ceux qui ont eu le génie, la classe et parfois les couilles d’inventer des choses avec un ballon et de les appliquer en match. Qu’ils concernent une façon de tirer un penalty, un dribble ou parfois même une erreur grotesque, certains ont même eu le privilège de donner leur nom à ce qu’ils ont inventé. Et pour certains d’entre eux, on en parle encore 30 ans plus tard.
 
Cuauthémoc Blanco : la Cuauthémoc


Lors de l’été 1998 , la France du football est en ébullition grâce à la Coupe du Monde jouée sur ses terres. Mais avant que nos bleus ne soulèvent le précieux trophée, le mexicain Cuauhtémoc Blanco se signale par un geste technique ahurissant. D’abord nommé « coup du crapaud » par les médias, ce geste consiste à bloquer la balle entre ses deux pieds, puis sauter avec elle entre deux adversaires afin de les éliminer. Bien qu’il ait pu le réaliser auparavant dans le championnat mexicain dans lequel il évoluait, ce geste trouve une audience mondiale à la faveur du premier match de poule du Tri contre la Corée du Sud. Ce geste fût renommé par la suite par le prénom de son auteur, sorte de consécration ultime.
Cuauhtémoc Blanco a effectué l’essentiel de sa carrière dans la zone Concacaf, au Mexique pour cinq clubs différents et pour les Chicago Fire. Il a effectué un court passage au Real Valladolid au début du siècle. Passage malheureusement tronqué par une fracture de la jambe contractée avec son équipe nationale. A 37 ans, il fût appelé par Javier Aguirre pour disputer la coupe du monde 2010, où il parvint en 1/8e de finale (élimination contre l’Argentine).
Si ce joueur a acquis une petite renommée en Europe, nul doute que son geste technique improbable y est pour beaucoup.



 
Rene Higuita : le coup du Scorpion


En septembre 1995, la Colombie est à Wembley pour jouer un match amical contre l’Angleterre.  Sur un centre tir raté et anodin de Jamie Redknapp plein axe, René prend ses appuis puis saute en ramenant ses talons vers le haut, le corps étant pratiquement à l’horizontale, pour qu’ils entrent en contact avec la balle. La position bizarre décrite par le corps du gardien vaudra à cet « arrêt » le nom de « coup du scorpion ».
Il paraît évident que le contexte (un match amical dans un des plus beaux stades au monde) a favorisé la réalisation de ce geste qui révèle plus de la folie d’un showman que d’une réelle utilité tactique. Néanmoins cette image a fait le tour du monde et la réaction du gardien après la réalisation de son geste montre bien que finalement ce n’était « que pour le show ».
René Higuita était le gardien de la sélection colombienne lors des années 90. Il était facilement reconnaissable par ses longs cheveux noirs ondulés. Il était connu pour ses prises de risques parfois inconsidérés, la plus notable d’entre elle ayant eu lieu en 1/8e de finale de la coupe du monde 1990 où, balle au pied à 40 mètres de ses buts, il échoua à dribbler Roger Milla qui put inscrire le but le plus facile de sa carrière. Il a effectué l’essentiel de sa carrière en Amérique du Sud (Colombie, Equateur et Venezuela ou il joua alors qu’il était âgé de 41 ans) agrémentés d’un passage au Mexique (Veracruz) et en Espagne (Valladolid). C’était un « gardien buteur » puisqu’il est parvenu à inscrire 30 buts dans sa carrière en club et 8 en sélection colombienne. Il connût également des problèmes de drogue (cocaïne) qui lui valurent une suspension en 2004.


 

Il entraîne désormais les gardiens dans un club du Golfe et s’est récemment signalé en rééditant son incroyable geste à l’entraînement. La souplesse n’est plus tellement là, mais la vista reste la même.


 

Variante : Il est possible de considérer qu’il n’est pas absolument indispensable de lever ses deux pieds pour réaliser le coup du scorpion, ni qu’il soit strictement réservé aux gardiens de but. Aussi il est parfois arrivé de voir des joueurs inscrire des buts en reprenant la balle acrobatiquement du talon comme l’improbable Charles-Edouard Coridon un soir de ligue des Champions contre Porto :


Dans ce domaine, il faut féliciter cet impensable fail réalisé dans un championnat asiatique : le coup du scorpion contre son camp : 
 

 

Rodrigo Taddei : la Aurelio

Octobre 2006, la Roma joue contre l’Olympiakos. Après un ballon mal relancé par la défense, Taddei récupère le ballon dans un coin de la surface. Son adversaire face à lui, il réalise un geste technique sorti tout droit du football de rue. Il réalise un double contact sur un pied derrière la jambe d’appui, laissant le défenseur incrédule. A la décharge de ce dernier il faut reconnaître qu’un tel geste (qui plus est si bien exécuté) est tout simplement impossible à prédire. Taddei tente ensuite une frappe qui est déviée par un autre défenseur.

Concrètement ce geste n’apporte rien de plus qu’un dribble « classique ». Mais voilà, c’est beau, surtout exécuté avec tant de classe. Ce geste se nomme « Aurelio » en hommage à l’entraîneur adjoint de la Roma, Aurelio Andreazzoli, qui aurait poussé Taddei à réaliser ce genre de geste en match.



Rodrigo Taddei est un footballeur brésilien (possédant également la nationalité italienne) n’ayant connu que trois clubs dans sa carrière : Palmeiras, Sienne et la Roma depuis 2005. Il n’a jamais été sélectionné avec la Seleçao et peut désormais prétendre à la sélection Italienne après 5 ans passé au pays. La Aurelio montre clairement que Taddei possède une technique hors du commun. Nous autres français avons pu nous en rendre compte lorsque sur un geste similaire (double contact sur un pied et de la semelle) il avait fait l’amour par devant, par derrière, sur les côtés, à cheval et en voiture à Abidal, un soir ou Mancini (le brésilien) avait rappelé à tout le monde que les passements de jambe n’étaient pas passés de mode.

Kerlon : la foquinha
 
La foquiha est un dribble bien particulier et assez incongru à voir sur un terrain de football. Il a été inventé par le jeune ex-prodige Kerlon, alors qu’il jouait pour le Cruzeiro. La foquinha consiste à se lever le ballon, faire des jongles avec la tête et avancer, d’où son nom (foquinha semble signifier « otarie » en portugais, mais je n’ai pas non plus un gros niveau). Outre son aspect spectaculaire, le fait de maintenir le ballon en suspension sur la tête rend l’intervention du défenseur particulièrement délicate. Difficile en effet de subtiliser la balle sans faire faute sur l’attaquant. D’ailleurs certains défenseurs ne se sont pas gênés pour découper Kerlon lorsqu’il commençait son fameux dribble.




Comme on peut le voir sur la vidéo, ces messieurs les défenseurs ont tendance à considérer ce dribble comme une insulte. Ainsi le défenseur Luiz Alberto annonce : S'il tente ça face à moi, je le démonte. J'utilise des coups de capoeira s'il le faut. Ce dribble est une insulte aux joueurs qui sont en face. Plus modéré mais avec un message similaire, Eduardo Costa : C'est vrai que c'est joli pour les spectateurs, ceux qui sont devant leur télé... Mais dans un match chaud comme celui-là, face à un adversaire qui est en train de perdre, c'est déjà plus compliqué.

Néanmoins, Kerlon a reçu le soutien personnel du Roi Pelé, l’encourageant à tenter encore et encore ce genre de dribble. Bon sur le terrain, le soutien de Pelé, on s’en cogne un peu, mais c’est déjà pas mal.
Après avoir joué quelques saisons à Cruzeiro, Kerlon est recruté par l’Inter qui le prête ensuite successivement au Chievo (une saison, 4 matches), à l’Ajax (équipe réserve), à Parana (3 apparitions) puis au National NS. Alors qu’il était annoncé comme une future star après avoir brillé lors de la Copa America U17, Kerlon n’a jamais été en mesure de confirmer ce statut. Comme quoi, il ne suffit pas que de savoir enquiller quelques jongles de la tête pour faire carrière.



Koji Nakata : la Nakatade
 
Les entraîneurs de débutants ou poussins essayent de l’apprendre à tous les petits footballeurs en herbe. Il est très important de savoir jouer tête haute. Pouvoir conduire la balle, la donner et frapper sans regarder afin d’avoir une bonne vision du jeu. Ce jour-là, Koji Nakata était probablement absent. La Nakatade n’a de renommée qu’en France puisqu’elle a été effectuée pour la première (et unique) fois en L1 dans un match entre Marseille et Saint-Etienne. Nakata reçoit la balle, la contrôle, lève la tête et essaye de faire une passe … Il s’agit là d’un exemple de geste technique « péjoratif » dans le sens où il n’a pour but que de se moquer d’un joueur qui a eu un moment d’absence (cf Arconada).



 
Les esprits chafouin pourront dire que tout ça était fait exprès, qu’il ne s’agit en fait que d’une feinte … L’instant où il découvre que la balle est en fait derrière lui vaut tout l’or du monde. Un moment WTF comme nous offre parfois le football.
En dehors de cette relative renommée dans nos frontières, Nakata compte malgré tout 57 sélections en équipe nationale du Japon et une petite carrière en Europe. Une saison à Marseille, trois à Bâle (ou il disputa tout de même 62 matches) avant de revenir dans le club de ses débuts : le Kashima Antlers. A noter qu’il fût au centre d’une polémique lorsqu’il inscrivit délibérément de la main un but contre la Chine lors de la coupe d’Asie 2004.
Cà et là on peut voir des joueurs tenter de s’approprier ce fameux geste technique. Mention spéciale à ce gardien de but inconnu, et qui gagne tout à le rester :



 

Antonin Panenka : la Panenka
 
Le 20 Juin 1976 se dispute la finale de la Coupe d'Europe des Nations, l'ancien Euro. Pour la première fois dans une compétition internationale, le titre sera remis au vainqueur de la cruelle séance des tirs au but. Alors que Uli Hoeness manque la quatrième tentative Ouest-Allemande, le moustachu Antonin Panenka se présente face à Sepp Maier avec la balle de champion d'Europe au bout du pied. Prenant une course d'élan de près de dix mètres, et alors que le gardien a choisi de plonger côté gauche, il relâche brusquement son pied au moment de toucher son ballon qui tombe comme une feuille morte au milieu de la cage sous le regard impuissant du Katze Von Anzig. Dans toute sa carrière, Antonin Panenka a marqué 46 penalties sur....46 tentés.
 

 



Ce geste (que Panenka avait déjà pratiqué en club, mais assez peu connu jusque cette année 76 en raison des frontières en béton entre la Tchécoslovaquie et le monde Occidental) est tout d'abord appelé « penalty à la Tchèque » avant d'entrer progressivement dans le jargon footballistique en tant que « Panenka ». En dehors de ce geste notoire, Panenka passa l’essentiel de sa carrière à Prague, aux Bohemians. Il fit ensuite 4 ans en fin de carrière au Rapid Vienne avant de jouer (toujours en Autriche) pour des clubs de division inférieure. Plus tard, il devint président des Bohemians. 

La Panenka trouve ses fans (Totti, Belhanda) qui en usent et en abusent. Elle démontre un panache certain (sauf si l'équipe du tireur mène 4-0 dans le temps additionnel) pour celui qui la tente dans une rencontre importante (Abreu, Zizou face à son ancien coéquipier Gianluigi). Elle trouve aussi ses détracteurs. En effet, elle est considérée par beaucoup comme une humiliation, un manque de respect envers le gardien et l'équipe adverse. Dans le même temps, une tentative vaine de Panenka fait connaître une humiliation certaine au tireur. Celle de Cantona alors en prêt à Bordeaux stoppe sa course dans une flaque de boue, Jean-Claude Darcheville en place même une au-dessus de la barre, ou encore la célèbre Landrenka dont l'investigateur dira que « Sur les 80.000 personnes qui étaient au Stade De France seul Richert a imaginé que je pouvais tenter une Panenka ». Coupet, lui, l'aurait mise.  




 

Ronaldinho : L’espaldinha
 
Pas sûr qu’il en soit réellement l’inventeur de celle-là, mais il a au moins eu le mérite de l’utiliser en match. L’espaldinha désigne le fait de reprendre une balle en l’air avec le dos afin de la dévier pour un partenaire. Il convient d’adopter une attitude nonchalante envers le ballon pour donner l’impression qu’il tombe l’air de rien sur le dos du joueur concerné. Sa paternité pourrait être contestée par Hubert Fournier qui réalisa un jour ce geste inattendu débouchant sur une passe décisive pour l’attaquant adverse (et puis c’est l’occasion de parler un peu de Hubert Fournier, c’est déjà ça de pris).


 
Cristiano Ronaldo a récemment remis ce geste au goût du jour :


 
Il n’est pas réellement besoin de présenter Ronaldinho. Ballon d’or, une technique hors norme (nous avons retenu l’espaldinha mais on aurait aussi pu parler du flip-flap), un génie du football qui aura gâché une partie de sa carrière pour un goût un peu trop prononcé pour la fête. N’empêche je suis convaincu que dans 50 ans, on parlera encore de lui en disant « tu te souviens de Ronnie ? » et ça, ça classe un bonhomme.

Redondo : La talonnade-grand-pont-dans-la-course
 
Difficile de lui donner un nom à celle-là. En tout cas il paraît que les grands joueurs font de grandes choses dans les grands matches. Et ce soir-là tout était parfait. Le théâtre des rêves comme écrin, la ligue des Champions pour compétition et un match à enjeu. Fernando Redondo déborde sur l’aile gauche. Il est face à Denis Irwin. Le reste se perd dans le génie de l’élégant argentin qui frappe la balle du talon gauche vers l’avant et réalise le grand pont sur son malheureux adversaire. Derrière il a un boulevard pour avancer et délivrer un caviar d’une qualité incroyable pour Raul. Je tenais à faire figurer ce geste car il s’agit là incontestablement d’un des gestes les plus classes jamais vus sur un terrain de football.


La carrière de Fernando Redondo fût malheureusement un peu gâchée par des soucis récurrents aux genoux, l’empêchant de donner la pleine mesure de ses moyens. Il a joué pour Argentinos Junior, Tenerife, le Real et le Milan AC. Il fût également international argentin. Il fût au centre d’une polémique avec Daniel Passarella (alors sélectionneur) en 1998. Ce dernier avait intimé l’ordre à ses joueurs de ne pas avoir de cheveux longs. Redondo refusant de couper sa crinière fût alors puni en étant condamné à regarder le Mondial à la télévision. Aujourd’hui, le souvenir de lui comme étant un joueur plein de classe perdure et nombreux sont ceux à le citer comme source d’inspiration.
Diego Maradona : la Main de Dieu.
1986, ¼ de finale de coupe du Monde. L’Argentine et l’Angleterre s’affrontent dans un contexte rendu tendu par la guerre des Malouines. A la 51e minute alors que le score est toujours de 0-0, Maradona joue un une-deux. La balle lui est remise en hauteur et Diego va au duel avec Peter Shilton, le gardien anglais. Pour compenser sa petite taille, Maradona utilise la technique dite du Shoryuken pour devancer le gardien anglais. Frappé de la main, la balle entre dans le but et tout le monde dans le stade semble avoir remarqué la filouterie de l’argentin … sauf l’arbitre tunisien, Mr Bennaceur qui valide le but au grand dam de toute l’Albion. Cette décision arbitrale est à l’origine de l’une des plus fameuses assertions de Thierry Roland : "Mais comment a-t-on pu confier l'arbitrage d'un quart de finale de Coupe du monde à un arbitre tunisien"


 
Ce geste est resté dans l’histoire après que Maradona himself l’ait qualifié de « Main de Dieu » en conférence de presse après le match. Cette expression est depuis reprise par les médias où les joueurs dès lors qu’une action impliquant une main, flouant l’arbitre et l’adversaire, se produit.
Ainsi l’équipe titra « La Main de Dieu » après la qualification de l’équipe de France pour la coupe du Monde 2010 après que Thierry Henry ait contrôlé la balle de la main pour offrir le but de la qualification.
 

 
A noter que cette expression peut également concerner les gestes « défensifs ». Ainsi Luis Suarez l’utilisa pour décrire son action lors du ¼ de finale de coupe du monde Uruguay – Ghana, où il réalisa littéralement un arrêt de gardien pour empêcher le ballon d’entrer en toute fin de match. Cette main a également été désignée par certains médias de « Main du Diable ».



Diego (qu’il n’est pas besoin de présenter) se rattrapa lors du même match en marquant un des buts les plus fameux de l’histoire des coupes du Monde. Malgré tout, le mal était fait.
Luis Miguel Arconada – L’Arconada


Luis Miguel Arconada était le gardien de la sélection espagnole au moment de l’Euro 1984 en France. A l’issue d’un bon parcours, l’Espagne se qualifie en finale pour y affronter le pays hôte. Il entre alors dans la légende en inventant un geste
technique pour toujours dans la postérité. Le soir là, quelques 
minutes après avoir serré la main de Michel Platini avant
l'engagement, Luis Miguel se retrouve face à cet impressionnant tireur
de coup de pied arrêté. Le coup franc est bien tiré, mais pas trop non plus, mais entre dans 
la niche trouée par le fond d'Arconada. C'est but. La France est 
sacrée pour la première fois dans un tournoi international.


Comme pour la Nakatade, il s’agit là d’un geste « péjoratif », d’une erreur notoire dont l’auteur porte probablement encore le fardeau puisque aujourd’hui, son nom est entré dans le langage courant du football de la plus mauvaise des façons. Désormais, on dit de chaque gardien laissant échapper une balle sous son ventre qu’il réalise une Arconada. Il serait toutefois injuste de résumer la carrière de ce portier à cette seule erreur. Il fût le gardien fidèle de la Real Sociedad, son seul club professionnel avec qui il remporta deux fois la Liga et une fois la Coupe du Roi. Il fût également nommé meilleur gardien du championnat espagnol trois fois de suite au début des 80’s (exploit jamais réalisé avant et uniquement réalisé depuis par Victor Valdes) et compte 68 sélections en équipe espagnole.



Rabah Madjer : la Madjer

Si vous demandez à un fan de foot de citer un geste technique portant le nom de son créateur, deux noms vont sortir en priorité. La Panenka et la Madjer. Outre le fait de partager la convention de nommage, ces deux joueurs ont eu le mérite (pour être poli) de tenter (et de réussir) leur geste dans un match à très fort enjeu. Pour l’Algérien du FC Porto, ce fut en finale de la Coupe des Champions 1987. Les portugais affrontent le Bayern. Les allemands prennent l’avantage et Porto pousse pour revenir. Alors que le ballon traîne dans la surface, l’Algérien le laisse passer entre ses jambes et, dos au but, le catapulte du talon dans le but. La surface du pied utilisé pour le geste est le talon. Néammoins on parle de Madjer dès qu’un joueur inscrit un but impliquant une frappe ou déviation derrière la jambe d’appui. A l’instar de la Panenka, il s’agit d’un geste régulièrement vu sur un terrain de foot et toujours spectaculaire. 
 

Rabah Madjer est un footballeur algérien ayant effectué l’essentiel de sa carrière en Europe. Après avoir quitté son pays (il jouait au NA Hussein Dey), il évolua pour le RC Paris, FC Tours, FC Porto (deux passages), Valence avant de finir par une pige au Qatar. Avec les Fennecs il fit partie de la fameuse équipe de 1982, volée par les autrichiens et les allemands qui s’allièrent dans un non-match pour éliminer les algériens. Après sa carrière il prit en main l’équipe nationale d’Algérie à trois reprise. En club, il fut coach du Al-Wakrah SC et de Al-Rayyan. 
Son geste est régulièrement repris sur tous les terrains du monde assurant au joueur un passage définitif à la postérité. 
Récemment, en 1/8e de finale de la présente Ligue des Champions :


Ou encore sur penalty : 
 


Jean Pierre Papin : la Papinade


Ce geste n’est nommé ainsi qu’en France, pays de JPP. La papinade est un des gestes les plus spectaculaires du football. Il s’agit d’une reprise de volée acrobatique (quoi que, pas toujours) permettant d’envoyer le ballon dans le but. Dans mon imaginaire, la papinade implique que le joueur soit face au ballon lorsque celui-ci vient d’une aile. Jean Pierre Papin étant un spécialiste de ce geste, la presse française s’est faite une joie de le nommer de cette manière. 


Ce sont des gestes que l’on peut voir régulièrement sur tous les terrains du monde, pas toujours avec la même réussite. Il convient de faire un distinguo entre la papinade et le retourné acrobatique ou plus communément la bicyclette. Cette dernière s’effectue face au ballon mais dos au but, ou avec un placement corporel parallèle au ballon si celui-ci vient d’une aile. Marco Van Basten était un spécialiste des bicyclettes.



JPP est un des attaquants français les plus célèbres. Après plusieurs titres de champion de France et de meilleur buteur du championnat avec l’OM, il fût élu Ballon d’Or en 1991. Il connut ensuite un relatif succès en Italie, au Milan AC avant de voir sa carrière entrer dans une pente descendante, au Bayern Munich puis les Girondins de Bordeaux et l’En Avant Guingamp. Il continua ensuite quelques temps dans les championnats amateurs avant de devenir entraîneur, sans grand succès.





Michel Platini : le coup franc Platinien


Dans le football moderne, il y a de nombreux spécialistes des coups francs. Seulement, en France au moins, on ne parle jamais de coup franc «à la Beckham» où «à la Van Hooijdonk» pour ne citer que deux spécialistes de cet exercice. Dans notre contrée, le spécialiste incontesté du coup de pied arrêté  se nomme Michel Platini. Si la technique consistant à fouetter le ballon pour lui donner une trajectoire courbe vers le but existait déjà (Garrincha pourrait peut-être s’en attribuer la paternité), Platini a utilisé une période où le football s’imposait de plus en plus à la télé pour la démocratiser.  
Michel Platini a inscrit un nombre incalculable de coups francs, que ce soit pour ses clubs de Nancy, Saint-Etienne, la Juventus, mais aussi en équipe nationale. Il fût à l’origine de nombreux succès avec chacune de ces équipes : Coupe de France, Championnat de France, Championnat d’Italie, Ligue des Champions, Championnat d’Europe des Nations. Michel Platini passait énormément de temps à l’entraînement à travailler l’exercice arrêté. Il serait toutefois injuste de résumer la carrière de cet immense joueur que par cet aspect du jeu. Triple capocanoniere d’affilée, meilleur buteur de l’Euro 84 (9 buts, record inégalé dans la compétition), triple Ballon d’Or et désormais président de l’UEFA, que ce soit dans sa carrière de joueur où après, on peut dire sans hésité que le français a su réussir tout ce qu’il a entrepris. 




Variantes : Certains joueurs privilégient la frappe en force pour tirer les coups francs. Parmi ceux-ci, le Portugais Cristiano Ronaldo, auteur régulier de coups francs à la frappe très sèche, une balle tournant peu pour redescendre brusquement vers le but, a choisi de nommer sa technique le «Tomahawk» en référence à l’arme indienne dont le ballon partagerait la trajectoire. 
  


Pas de nom «officiel» pour le suivant mais il est impossible de ne pas le mentionner. En 1997, Roberto Carlos montre à tout le monde comment on tire un coup franc en force. Trajectoire improbable, Fabien Barthez ne peut que constater le travail impeccable du latéral brésilien.



On parle aussi d'un coup franc "à la Taiwo" lorsque le tireur met toute sa force dans le ballon et que celui-ci dépasse la 20e rangée de la tribune située derrière le but.